Jeanne Morisseau par Sylvain Fesson - 10/12/2023
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JEANNE MORISSEAU : VOLTIGE DE L'AMOUR

Chronique du disque Les Battements d'ailes de Jeanne MORISSEAU


Il y a quelque chose
D’abyssal chez Jeanne Morisseau
Quelque chose de l’ordre si j’ose dire
Des perdants magnifiques
Parce que ça déborde
C’est souvent
Trop, trop
Beau et
Haut
Prenez son nouvel album par exemple
Les battements d’ailes qui paraît
En cette fin d’année via Ulule*
C’est un long voyage de
Pas moins de 16 titres
Et de 67 minutes
Un album
Presque double
Donc qui alterne quasi
Tout du long, pour simplifier
Entre morceau parlé style poème
Mis en musique et morceau chantant
Quasi pop-rock avec l’attelage classique
Je dis simplifier parce que ça déborde
Là aussi et au final dans la seconde
Moitié du disque les frontières
Entre ce qui pourrait apparaître
Comme deux approches musicales
Différentes s’estompent et se mélangent
Et hop grande voltige de l’amour entre
Grande voilure et mise à nu, entre
Envol extase et atterrissage
Il y a quelque chose
D’abyssal chez Jeanne Morisseau
Quelque chose de l’ordre si j’ose dire
De la bravoure des premiers albums
De The National qui viendrait
S’enamourer du côté dreamy
Et sépulcral du catalogue de
4AD, de This Mortal Coil
Donc aux Cocteau Twins
C’est particulièrement notable
Sur le morceau introductif
"L’eau qui coule en moi"
Ainsi que sur "Les élans"
Et "La tiédeur du temps"
Oui, comme si ce qui unissait
La chanson folk et la musique
Liturgique médiévale baroque
Trouvait là son point d’orgue
Et que les élans combatifs et
Printaniers de la bande à Matt
Berninger se teintaient de notes
Plus cold et incantatoires comme
C’est aussi le cas dans le titre
"Quand la cigogne mère
Un ange à nos côtés"
Et ça lui fait du bien
A cet album et à Jeanne
D’avoir trouvé la jonction
Comme ça nous en fait à nous
Alors comme tendres et épris
L'un de l'autre on se laisse
Aller à la suivre jusqu’au
Bout de ce grand disque
Sans aucun doute son
Meilleur à ce jour
Il y a quelque chose
D’abyssal chez Jeanne Morisseau
Et je ne parle pas de Jeanne Morisseau
Je parle de ce qui déborde fluidamment
Quand les parfums, les couleurs et
Les sons se répondent comme
Chez Patti, comme chez
Rimbaud, comme chez
Ricky, comme chez
Peu d’autres
Et la présence à ses côtés
De Christophe Jouanno**
Aux compos (7/16), de
Philippe Thiphaine (Héliogabale)
Aux guitares additionnelles
Et Jean-charles Versari
Au voice recording n’est
Pas étrangère à la pleine
Réussite de cet objet aux
Airs de "galette d’épeautre
Dont nul n’a plus besoin"
Comme elle le chante
Au cœur du disque
Dans "Le voilier
Rentre au port"
Un texte fort
Alors oui, on la suit
Comme eux on la suit
Le talent attire le talent
Là où croît le danger croît
Aussi ce qui sauve*** alors
On est peut-être peu mais
Hold the line, on la suit
On la suit avec un calme ardent
Tournant avec un calme ardent
Les pages de contes et chants
Qui seraient la vie même
Tournant les vagues et
Ailes de ces morceaux
Psaumes poèmes vibrant
De longues et lentes guitares
Cathédrales, tournant tout ça
Jeanne et son double
Annjee amor issue, tel
Un interlude, une virgule
Et un temps suspendu
Dans la vastitude du mystère
S’y dessine et déploie comme les mythes
Et légendes de la sensibilité perception
De l'autre monde qui n'est autre que
Celui-ci révélé, où tout n’est que
Vide, pleins et déliés et là
Encore, ça déborde
Alors entre eux
Les oiseaux
Rigolent



*sa campagne est remportée mais encore en cours alors faite qu'elle soit une gagnante magnifique, merci :
ulule.com/les-battements-d-ailes-jeanne-morisseau
https://www.tumblr.com/news2pjm
https://on.soundcloud.com/Mr9ur
**déjà guitariste-arrangeur de ses précédents albums autoproduits, notamment Les noisettes folles (2001) et T’es ma branche (2006)
***citation tubesque du poète et philosophe allemand Friedrich Hölderlin (1770 - 1843)

Sylvain FESSON